Les trop rares visiteurs juifs qui remontent la rue Salah a Din à Jerusalem doivent certainement se poser des tas de questions en passant devant ce grand portail de métal noir.
Au-dessus du portail une bien curieuse inscription découpée dans le fer REPUBLIQUE FRANCAISE ; TOMBEAU DES ROIS.
Un observateur attentif remarquera que le nom de la rue Salah a Din est indiqué sur une enseigne métallique emprunté à la rue Hatsvi. Une couche de peinture bleu foncé par dessus la quelle une main est venue inscrire en hébreu reh’ove Salah a din , sans même avoir pris le temps de préciser le numéro de la rue. Comme si toute cette action avait été effectuée dans la hâte !
Nous savions que la république n’aimait pas les rois mais d’ici à venir jusqu’à Jerusalem pour les enterrer…
Au fait de quels rois s’agit il quel est le lien qui unit la république française avec cette partie de notre capitale.
Notre histoire ressurgit de après une longue période d’oubli de prés de 1900 ans.Vers le milieu de 19eme siècle un gouverneur ottoman de Jerusalem décide de venir fouiller le caveau mortuaire de celui
que les juifs de la ville identifient à Calba Saboua., le beau père de rabbi Akiva.
On s’en souvient, le Talmud nous le décrit comme un des personnages les plus riche de ville, capable à lui tout seul de nourrir vingt ans durant toute la population de la cité de David.
Sa générosité lui avait valu un bien étrange surnom, Calba Saboua signifie effectivement le chien rassasié.
Cette appellation n’avait rien de péjoratif pour l’époque , elle venait simplement faire l’éloge de notre philanthrope. Chaque indigent qui était invité à sa table ingurgitait des quantités impressionnantes de bonne nourriture au point de se sentir rassasier comme un animal…
Au seizième siècle une tradition des anciens de Jerusalem nous informe que le Saint Ari Arizal enseignait à ses disciple que c’était là la dernière demeure de Nakdimon Ben Gourion, autre richissime personnage de la Jerusalem sous l’occupation romaine.
Quoiqu’il en soit notre gouverneur turc était essentiellement motivé par des considérations bassement matérielles, et faisant fi des supplications des juifs de Jerusalem le voilà venir profaner la dernière demeure de nos très riches ancêtres.
Le pacha, vous l’avez compris, espérait trouver les trésors des philanthropes. Mais un bien vilain métier, lui aussi très ancien, consiste à venir piller les tombeaux.
Notre gouverneur devra se faire une raison les trésors si trésors il y avait, ne sont plus.
Quelques années plus tard le chercheur français Félix de Saulcy intrigué par la cadre majestueux des lieux , obtint une permission spéciale du Sultan pour effectuer une fouille archéologique en bonne et due forme.
De nouveau les juifs de Jerusalem protestent supplient.Mais qui accorde une quelconque importance aux supplications d’un peuple en exil sur sa propre terre …
Le français aura plus de chance que le turc , une porte secrète vient d ‘être découverte, à l’intérieur deux sarcophages richement décorés. A son ouverture l’un d’eux laisse apparaitre un squelette recouvert d’un habit en fils d’or.
De Saulcy crie à qui veut bien l’écouter qu’il vient de découvrir le tombeau des rois de Judah donc de la dynastie de David. Le butin est immédiatement envoyé au musée du Louvre. Ce n’était pas les Turcs qui allaient empêcher ce savant pillage des biens de notre peuple. Les juifs de Jerusalem rédigent alors plusieurs lettres de détresse. Une d’elle arrivera à Paris au domicile des frères Peirere. Emile et Isaac Peirere étaient on s’en souvient deux des principaux industriels européens de l’époque.
Leur vieille mère est une juive pieuse, l’appel de Jerusalem l’a ému au plus profond de son être. La voilà qui dépêche un envoyé spécial auprès du Sultan pour poser une seule question « COMBIEN? ».
Bertha Peirere venait de faire l’acquisition des lieux pour que les juifs de Jerusalem puissent revenir prier sur ce très ancien tombeau. A sa mort ses fils Isaac et Emile en font don à la république française. Leur but est double, premièrement retirer ce lieu de la négligente juridiction ottomane, deuxièmement et par voie de conséquence permettre aux juifs de Jerusalem de continuer à se rendre sur les lieux sans avoir à souffrir de pressions quelconques.
Entre-temps les archéologues arrivent à de nouvelles conclusions. Selon eux il s’agit là du caveau familial de la reine Héléni, Héléni Amalka.
Reine du lointain royaume d’Adiabène, au Nord de l’Irak actuel, cette grande dame adoptera le judaïsme une cinquantaine d’années avant la destruction du second Temple.
Tous les témoignages s’accordent pour nous décrire un être exceptionnellement généreux. Elle visite Jerusalem l’année où sévit une terrible famine. Comme sa lointaine descendante Bertha Peirere, Héléni met sa fortune à la disposition du peuple juif.
En faisant l’acquisition de blé et de fruits secs qui seront des mois durant distribués gratuitement aux nécessiteux d’Israël. Son passage au Temple non plus ne passe pas inaperçu. Le Talmud nous rapporte qu’elle fit don d’un lustre merveilleux en or massif. Ses deux fils préférés la suivront dans sa recherche vers la parole de D…
Comme le faisaient les souverains de l’antiquité, elle construit de son vivant le mausolée qui lui servira de dernière demeure. Impressionnante construction en vérité.
Pour Chateaubriand il s’agissait là incontestablement du plus beau mausolée de l’Orient. Pour nous c’est une page de notre histoire qu’il faut tirer de l’oubli.
La scandaleux comportement d’un pacha ottoman rompu ou plus exactement corrompu au régime du bakchich à fait que cette partie de Jerusalem est actuellement entre des mains étrangères.
Le retour du peuple d’Israël sur sa terre aurait du mettre un terme à cette situation cocasse.
Imaginons que durant l’occupation allemande de Paris un officier nazi prenne la décision de vendre la tour Eiffel à un industriel japonais. Ce dernier, avant sa mort décide d’en faire don au gouvernement japonais…
Ce qui parait invraisemblable là bas est une réalité ici chez nous en Israël . Quelle étrange VISION D’Israël ont donc nos dirigeants laïcs et religieux pour laisser perpétuer une telle carence.
Il ne serait que justice d’exiger de la part du gouvernement français la restitution d’un lieu qu’il n’a pas acheté et qui a été illégalement vendu par un occupant de notre pays. Ce type de démarche ne peut aboutir à la seule condition que le peuple d’Israel exprime sincèrement sa nostalgie pour les lieux où sont écrits les plus belles pages de son histoire, de son identité nationale.
Héléni la grande reine est l’exemple même de la conversion désintéressée. Uniquement motivée par le message moral véhiculé au travers de nos valeurs, elle a adopté le judaïsme.
Quoi de plus légitime aujourd’hui, d’y exiger la construction d’un institut ayant pour but de soutenir les candidats à la conversion?
A l’image de cette grande reine qui repose en ces lieux , ils viendraient parfaire leur instruction avant d’intégrer les rangs du peuple d’Israël.
ELIAOU ATLAN